21 janvier 2008
Hommage à Louis XVI
En ce jour anniversaire de la mort de Louis XVI. Souvenons-nous de ce bon roi et rendons-lui hommage.
Testament de Louis XVI
Au
nom de la Très Sainte Trinité du Père du Fils et du
Saint Esprit, aujourd’hui vingt cinquième jour de Décembre,
mil sept cent quatre vingt douze Moi Louis XVIe du nom Roy de France étant
depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour
du Temple à Paris par ceux qui étaient mes sujets, et privé
de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant
avec ma famille de plus impliqué dans un Procès, dont il
est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des
hommes et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune
Loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées
et auquel je puisse m’adresser, je déclare ici en sa présence
mes dernières volontés et mes sentiments.
Je
laisse mon âme à Dieu mon créateur, je le prie de la
recevoir en sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses
mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ, qui
s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres
hommes quelqu’indignes que nous en fussions et moi le premier.
Je
meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Eglise Catholique Apostolique
et Romaine qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de
St Pierre auquel Jésus Christ les avait confiés. Je crois
fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les
commandements de Dieu et de l’Eglise, les Sacrements et les Mystères
tels que l’Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés.
Je
n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes
manières d’expliquer les dogmes qui déchire l’Eglise de Jésus
Christ mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu
m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques
unis à la Saint Eglise Catholique donnent et donnèrent conformément
à la discipline de l’Eglise suivie depuis Jésus Christ. Je
plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur,
mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous
en Jésus Christ suivant ce que la charité Chrétienne
nous l’enseigne.
Je
prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J’ai cherché
à les connaître scrupuleusement, à les détester,
à les détester, à m’humilier en sa présence,
ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique je
prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le
repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom (quoique cela fut contre
ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires
à la discipline et à la croyance de l’Eglise Catholique à
laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur,
je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis s’il
m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère
d’un Prêtre Catholique pour m’accuser de tous mes péchés,
et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Je
prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car
je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne)
ou ceux à qui j’aurais pu donner de mauvais exemples ou des scandales
de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Je
prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières
aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je
pardonne de tout mon cœur, à ceux qui se sont fait mes ennemis sans
que je leur en ai donné aucun sujet et je prie Dieu de leur pardonner,
de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle
malentendu, m’ont fait beaucoup de mal.
Je
recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes
frères, et tous ceux qui me sont attachés par les Liens du
Sang ou par quelqu’autre manière que ce puisse être. Je prie
Dieu ,particulièrement de jeter de yeux de miséricorde, sur
ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi,
de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et
tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Je
recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de
sa tendresse maternelle pour eux, je lui recommande surtout d’en faire
de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder
les grandeurs de ce monde-ci (s’ils sont condamnés à les
éprouver) que comme des biens dangereux et périssables et
de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Eternité,
je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants,
et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre
la leur.
Je
prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et
les chagrins que je pourrais lui avoir donné dans le cours de notre
union, comme elle peut être sure que je ne garde rien contre elle,
si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Je
recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent
à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre
eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissant
de tous les soins et peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire
de moi je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je
recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer
qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier
toute haine et tout ressentiment et nommément tout ce qui a rapport
aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve, qu’il ne peut faire
le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même
temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans
son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement
étant lié dans ses opérations et n’inspirant point
de respect, il est plus nuisible qu’utile.
Je
recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient
attachées autant que les circonstances où il se trouvera
lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée
que j’ai contractée envers les enfants ou le parents de ceux qui
ont péris pour moi et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi,
je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées
qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui
ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne (souvent
dans les moments de troubles et d’effervescence on n’est pas le maître
de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à
leur malheur.
Je
voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui
m’ont montré un véritable attachement et désintéressé,
d’un côté si j’étais seulement touché de l’ingratitude
et de la déloyauté des gens à qui je n’avais jamais
témoigné que des bontés, à eux à
leurs
parents ou amis, de l’autre j’ai eu de la consolation à voir l’attachement
et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés,
je les prie d’en recevoir tous mes remerciements, dans la situation où
sont encore les choses, je craindrait de les compromettre si je parlais
plus explicitement mais je recommande spécialement à mon
fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je
croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation si je ne recommandais
ouvertement à mon fils M. De Chamilly et Hue, que leur véritable
attachement pour moi, avait porté à s’enfermer avec moi dans
ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses
victimes, je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu
tant lieu de me louer depuis qu’il est avec moi comme c’est lui qui est
resté avec moi jusqu’à la fin, je prie Messieurs de la Commune
de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres
petits effets qui ont été déposées au Conseil
de la Commune.
Je
pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient,
les mauvais traitements et les gènes dont ils ont cru devoir user
envers moi, j’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes,
que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité
que doit leur donner leur façon de penser.
Je
prie Messieurs de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir
ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité, pour
tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.
Je
finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître
devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancées
contre moi. Fait en double à la tour du Temple le vingt cinq décembre
mil sept cent quatre vingt douze.
LOUIS